Noir c’est noir ou la vie d’Agathe zebluez

Agathe ne vous dira rien mais Momo Adachi oui, vous allez me demander quel est le rapport entre les deux à cela je répondrais rien si ce n’est un jeu de mot pitoyable qui résume l’existence de notre jeune Momo héroïne du Manga de Miwa Ueda.

Ce manga classé dans la catégorie Shojo fait malgré tout partie de ma collection alors que je suis un garçon c’est assez surprenant diront les plus moqueurs mais après une petite présentation vous serez obligé d’admettre qu’il a sa place grace à des thèmes abordés loin de ceux mielleux des productions actuelles…

Miwa Ueda est une mangaka dont la date d’anniv’ est inconnue la demoiselle aimant garder le secret. Elle se passionne très tôt pour le dessin car elle souhaite dessiner aussi bien qu’un membre de sa famille qui est lui aussi artiste. Elle devient mangaka en 1985 (si on suppose qu’elle débute jeune elle a 20 ans à cette époque) avec Peach Colored Elixer mais c’est avec Peach Girl qu’elle atteindra l’apogée de sa carrière en 1999. Faut dire qu’elle remportera le prix Kōdansha du meilleur manga avec ce titre et on le comprend aisement en le lisant …

Peach Girl ou comment bronzer vous donne un avant gout de l’enfer

Vous l’aurez compris Momo est une victime des apparences. Cette jeune fille est une lycéenne tout à fait normale sauf sur 2 points qui dans un monde où les apparences sont importantes vont poser de gros problèmes durant les 18 tomes du manga : elle a des cheveux décolorés et un teint bronzé qui vont faire d’elle la cible de nombreux ragots dans son école (avec l’aide de certains mauvaises langues mais on en parlera plus tard).

Au Japon ce look est habituellement l’apanage des Kogaru et autres Ganguro, des filles réputées “faciles”, vendant leur corps à n’importe quel vieux satyre pour pouvoir se payer le dernier sac à la mode. C’est d’ailleurs ce qui sera la base du débat plus bas…
Le détail qui dérange vient du fait que Momo a ce physique non pas par choix mais car elle fait partie du club de natation : ses cheveux ont été rougis par le chlore tandis qu’un « léger » problème de peau lui offre un bronzage carabiné dès qu’elle s’expose au soleil (alors imaginez dans une piscine). Momo pourrait vivre ce problème dans la solitude mais pas de chance elle a pour amie Sae, une jeune fille au look typiquement japonais (peau pâle, cheveux noirs).
Si Momo malgré son look de bad girl est une crème il n’en est rien pour Sae véritable peste qui fera tout pour pourrir la vie de notre Kogal’. Imaginez donc ce qui va se passer lorsque Sae lui demande si elle est amoureuse d’un garçon. Momo va anticiper les ennuis et va lui parler non pas de l’amour de sa vie Toji mais présenter Kairi un type qu’elle ne supporte que moyennement. Petit détail propre aux Shojo : le jeune Kairi aime Momo et c’est parti pour 18 tomes de quatuor amoureux.

Bien entendu si ce manga ne parlait que d’amour on se lasserait vite mais Peach Girl ne parle pas que de ça, d’autres thèmes inhérents au look de Momo et au comportement de Sae vont apparaître : Les Kogaru, l’Ijime, la Prostitution et bien d’autres sont abordés de manière à ancrer le récit dans notre société. Bref cette série qu’est Peach Girl est bien plus adulte qu’on pourrait le croire et je le conseille à tous ceux qui veulent un Shojo hors du commun. Avant de vous laisser la main je tenais quand même à faire un point sur le propos principal de Miwa Ueda : les Kogaru

Kogaru une mode de fringue ou un mode de vie ?

Kogaru est au départ une mode vestimentaire japonaise qui touche les adolescentes et les jeunes femmes. Souvent il s’agit d’une ado ou post ado aux cheveux décolorés, au teint bronzé que ce soit naturellement ou pas, portant des vêtements à la mode avec un max d’accessoires.

L’étymologie est assez obscure concernant les origines du mot Kogaru : il parait que le ko serait une contraction de komuro d’après Tetsuya Komuro et garu vient de l’anglais gal (Girl). Mais la date de naissance de ce mouvement étant arrivé plus tard ce genre de théorie capilotractée est vite oubliée.
Le principal détail vestimentaire des Kogarus vient du fait qu’elles ne portent que des vêtements de grande marque. Malheureusement, n’étant pas toutes riches, certaines s’engagent dans la prostitution en sortant avec des adultes à condition de se faire offrir de quoi conserver leur style de vie.

Vous l’aurez pigé l’image des Kogaru est souvent associée à la prostitution juvénile (parfois organisée), pire il arrive même que certaines soient fugueuses et ne fréquentent plus l’école, préférant s’éclater dans les quartiers branchés. Mais faut pas généraliser, toutes ne tombent pas dans l’enfer de la prostitution et dans la rue, certaines n’y voient qu’une mode et ce n’est pas plus mal.

Mais pour celles qui s’adonnent à ce jeu on se doit de soulever un léger détail qui pose problème : les portables. En effet ce petit accessoire de mode dernier cri est un outil formidable pour la prostitution amateur mais le fait de ne pas voir son interlocuteur envoie parfois la jeune naïve dans un body bag plus vite que prévu. En 2006 si mes souvenirs sont bon ce sont plusieurs dizaines de jeunes lycéennes qui sont mortes à cause de genre d’occupation… C’est pas toujours rose la vie adolescente là bas n’est ce pas ?

J’avoue tout…

Bref en conclusion, Peach Girl est loin d’être un shojô typique qui passe son temps à nous montrer une héroïne qui pleure pour un rien mais qui traite de sujets sérieux assez peu présents dans les titres les plus connus. Donc Monsieur le juge, Messieurs les jurés je plaide coupable d’aimer Momo Adachi et de traiter toutes les courges qui croisent mon chemin de Saeeeeeeeeeee… Mais j’implore de votre bienveillance : elles le méritent.

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